Dans cet article je reviens sur le crash du Cessna 172 immatriculé F-GCHO à proximité du terrain de Lognes le 30 juin 2024.

Cet article n’a pas pour but de tirer des conclusions hâtives. Aujourd’hui nous ne savons pas ce qu’il s’est passé mais des éléments se dessinent et donnent des pistes sur cette fin tragique pour cet équipage constitué de deux hommes et une femme.

Nous savons que le pilote était âgé de 35 ans et totalisait une centaine d’heures de vol. Il était breveté depuis 1 an environ.

L’aéronef est un Cessna 172 que le club aeroflight a acquis en avril 2023. Il était essentiellement utilisé pour des pilotes désireux de devenir pro afin d’assurer leur mûrissement ou pour des pilotes qui voulaient naviguer. Il était ce jour-ci utilisé dans le cadre d’un vol local de 107 km. Cet avion a été mis en circulation il y a 44 ans ; en 1980.

Nous savons également que les conditions météo étaient propices et qu’elles répondaient aux critères d’un vol en sécurité.

Également, le message d’avis d’accident indique des éléments de compréhension. Nous savons ce qui suit.

« L’aéronef en retour de vol appelle à l’est pour un retour. Il se signale passant le point E alors qu’il se trouvait encore à 4 nm à l’est de ce point. Le contrôleur l’informe de sa position. Quelques minutes plus tard, l’aéronef passe Echo. Le contrôleur lui demande de remonter à la verticale du terrain à 1500 ft QNH car la directe piste 26 n’st pas possible à cause d’un trafic. Le pilote collationne les éléments. Quelques secondes après l’aéronef est constaté en descente et continue de longer l’autoroute. Le contrôleur essaie de l’interpeller mais le pilote ne répond plus. Quelques secondes après une perte de contact radar est constatée et de la fumée est visible depuis la tour au niveau de l’intersection des hautes tensions et de l’autoroute A4.

Les pompiers et le BTV sont prévenus immédiatement. L’hélicoptère SAMU51 qui était en finale à Lognes à ce moment pour un avitaillement part sur place pour essayer de porter secours. »

A travers les photos prises sur le lieu du crash nous savons aussi que cet aéronef avait encore du carburant mais que le moteur ne tournait pas au moment du choc. Nous pouvons le déterminer car sur l’une des vidéos (voir capture) on voit clairement le carburant bruler.

Pour le fait que le moteur était coupé, nous constatons sur la photo où la dépanneuse débarrasse la carcasse du lieu que l’hélice est intacte. Ce dernier point laisse donc présager une panne moteur.

Aussi, si nous reprenons la trace radar, le lieu d’impact avec la ligne à haute tension et le point final entre les murets de l’autoroute A4, il n’est pas impossible que le pilote eût pris la décision de poser sur l’autoroute.

En effet, il semblait aligner avec la voie de droite. En tant que pilote si nous devons favoriser une route, nous choisirons la voie qui va dans le sens du Traffic. La raison est logique.

Premièrement, une collision de face entre un aéronef de petite taille et un véhicule terrestre nous laisse aucune chance.

Deuxièmement, si aux commandes d’une voiture, d’une moto ou d’un camion vous apercevez un avion en descente au-dessus de votre tête vous freinerez. Un avion se déplaçant plus vite qu’un véhicule terrestre, il a de grandes chances de dépasser le flux de véhicules par le haut.

Ce qui laisse présager une telle décision est induit aussi par le fait que si, à si basse altitude, nous n’avons pas le choix que de poser, les terrains environnants ne permettaient aucune situation d’avenir. Il faut rappeler qu’une semaine plus tôt un pilote a sauvé sa vie en se posant sur une autoroute dans le sud de la France. Cette information devait être dans la mémoire du pilote ce qui favorise sûrement cette décision.

Malheureusement si c’est le cas, le pilote n’a pas réussi à passer au-dessus des lignes ou ne les a pas appréhendées.

 

Une potentielle panne moteur mais laquelle ?

Tout d’abord, nous savons que l’hélice ne tournait pas mais qu’il avait du 100LL. Cela ne signifie pas que la potentielle panne n’est pas liée au carburant. Il n’est pas impossible d’avoir commis une erreur de manipulation du sélecteur de réservoir. La check-list indique de le commuter sur « both » en descente. Celui-ci étant assez mal placé pour une lecture rapide. Aussi, il est connu pour avoir une usure avérée et que cet avion avait déjà quelques dizaines d’années.

Le fait que l’hélice ne tourne pas ne signifie pas non plus que la panne moteur était totale. S’il pensait « faire la piste », il a pu couper l’arrivée d’essence pour poser et minimiser le risque d’incendie. En cas de tentative de posé sur un champ ou une route, il est toujours préconisé de couper les arrivées d’essence et électrique.

Cet article ne vous donnera pas de raisons mais des pistes pour comprendre.

Nous perdons un membre de la famille des pilotes, Florian et ses deux passagers. Mes pensées vont à leurs familles.

Cet article s’appuie sur les photos et vidéos de l’accident, de l’avis d’accident transmis entre la tour de Lognes et la DGAC, la trace radar et l’analyse d’Aldo Sterone.