Naturellement pour franchir ces obstacles qui ne sont pas si imaginaires que ça, vous tirez un peu sur le manche. D’un coup, vous êtes entourés de brouillard. Vous avez beau forcer avec vos yeux pour percer le mur blanc, vous ne visualisez rien. Vous vous battez contre cette sensation désagréable qui tiraille votre estomac. Vous avez du mal à déglutir, vous avez la « pateuse ». Vous réalisez que vous auriez dû attendre ou annuler ce vol. Comme on dit, il vaut mieux être au sol et vouloir voler que être en vol et vouloir être posé.
L’envie de voler était tentante, mais pas aussi importante que ça. Vous entendez raisonner dans votre tête « C’est mort, je suis mort, c’est fini! ».
Dorénavant il vous reste 178 secondes à vivre. L’avion semble stable, mais votre compas tourne doucement. Une pression sur le palonnier pour ramener l’avion, mais ça vous fait une impression bizarre. Vous revenez à la position initiale. Ça semble mieux, mais votre compas tourne encore un peu plus vite et votre badin s’affole un peu. Vous regardez vos instruments en espérant de l’aide, mais vous ne comprenez plus rien. Vous êtes convaincu que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Allé quelques minutes et c’est réglé. Mais, vous n’avez plus ces quelques minutes…
Il ne vous reste plus que 100 secondes à vivre. Vous regardez l’altimètre et vous réalisez avec effroi qu’il dévire. Vous êtes déjà descendu à 1 200 ft. Naturellement, vous remettez du gaz, mais l’altimètre continue encore et encore à dévirer. Le moteur est dans le rouge, et la VNE est dépassée.
Il vous reste 45 secondes à vivre. Vous vous mettez à trembler, vos mains sont moites… le front trempé. Ça doit venir des commandes ; plus vous tirez, plus le badin s’affole. Vous entendez le sifflement du vent contre l’avion.
Plus que 10 secondes. Soudain, le sol apparaît. Les arbres vous arrivent dessus. En tournant la tête, vous apercevez l’horizon, mais sous un angle étonnant. Vous êtes presque sur le dos. Vous hurlez, mais…
…votre dernière seconde s’est écoulée.